Conflits armés et gestion des services d’eau potable.
I) Introduction
Les conflits armés qui surviennent dans les pays sont souvent le fait des politiques. Ils naissent d’une incompréhension ou d’un refus d’accepter telle ou telle option dans la conduite des affaires de l’état. Ces conflits qui se déroulent soit au plan local soit sur toute l’étendue du territoire national peuvent avoir des impacts plus ou moins importants sur l’exploitation des services de base tels que la desserte de l’eau potable ou de l’électricité.
Pour les entreprises comme la SODECI qui ont en charge l’exploitation du service d’eau, si leur contrat est local ou couvre tout le pays, suivant l’ampleur du conflit, il se pose à elles des
problèmes de plusieurs ordres :
-Comment mettre en œuvre effectivement leur contrat ?
-Comment assurer la continuité du service de façon acceptable ?
-Comment assurer la sécurité des collaborateurs en charge de conduire l’exploitation?
- Comment préserver les infrastructures et l’outil de production ?
L’ensemble des défis à relever est immense et requiert de la part de ces entreprises, une organisation et des prises d’initiatives dont l’objectif final est d’assurer de la meilleure façon possible, le service.
La SODECI qui assure l’exploitation d’un contrat d’affermage portant sur la distribution de l’eau potable en milieu urbain sur toute l’étendue du territoire national a surmonté durant des deux dernières décennies, des difficultés de tous ordres.
Cette publication vise à donner des orientations et options mise en œuvre par la SODECI dans le cadre de son contrat.
II) Les constats
Depuis 1993, la Côte d’Ivoire a connu des crises allant crescendo
jusqu’à la guerre civile en 2010, du fait de la contestation des
résultats des élections présidentielles. De façon chronologique, le 7
Décembre 1993, la Côte d’Ivoire perdait le Président Félix Houphouët Boigny, son premier Président qui conduisit le pays à l’indépendance et le dirigea pendant 33 années.
Passé le temps des traumatismes liés au décès du Président et à l’interprétation de la constitution pour assurer une transition démocratique, survint en Décembre 1999, alors que la planète préparait le passage au nouveau millénaire avec « l’hypothèse du Bug de l’an 2000 », la Côte d’Ivoire connut le premier coup d’état de sa jeune histoire, ouvrant les voies d’une incertitude plus
grande sur la vie de la nation.
En 2002, comme si le premier coup d’état n’avait pas assez marqué les esprits, la Côte d’Ivoire entra dans une situation de crise aggravée par une rébellion qui consacra la partition du pays en deux zones distinctes.
Bien évidemment pour la SODECI, malgré les changements au niveau des ministères, il fallait à tout prix assurer le service de l’eau potable dans la mesure où son contrat renouvelé successivement en 1987 et 2007 respectivement pour 20 et 15 ans n’avait pas été remis en cause par l’autorité.
III) L’exploitation du service d’eau potable
C’est dans ce contexte que nous avions poursuivi nos activités, confrontés que nous étions à plusieurs défis tous aussi importants les uns que les autres.
En tant que Directeur d’Exploitation de la SODECI et donc acteur à part entière dans la gestion des effets ‘’collatéraux’’ de cette crise, nous avions dû prendre des initiatives pour assurer tant bien que mal la production et la distribution de l’eau potable dans les zones de conflits. Mais alors, malgré les risques :
-Comment par temps de crise, de part et d’autre d’un front militaire entre les deux belligérants, peut-on assurer « à peu près normalement » son métier d’exploitant sans être taxé de partisan ou accusé de collusion avec les différentes parties en conflit ?
- Comment entretenir et maintenir « l’ardeur au travail » de collaborateurs traumatisés par les affres de la guerre ?
-Comment s’appuyer sur l’expérience des partenaires au développement et mobiliser des ressources financières pour soutenir son activité de service public quand l’Etat lui-même est préoccupé par son intégrité territoriale ?
-Comment communiquer sereinement autour du maintien des services publics d’eau potable et d’électricité ?
La SODECI a assuré durant toutes ces crises, sa mission de service public en adaptant à la fois sa stratégie et son organisation dans ce contexte
dégradé. Acteur essentiel dans cette gestion, c’est en ma qualité de Directeur de l’Exploitation Intérieur que je rends compte de cette gestion dans mon
livre-témoignage. Il est par conséquence émaillé de faits vécus et d’anecdotes sur la conduite d’un service public entre « deux demi états » d’un même « territoire national » et surtout entre plusieurs composantes d’une même Nation.
Sans détour et avec force exemple, j’aborde tour à tour des problématiques liées entre autres à :
La sécurité et la circulation entre les zones gouvernementales et les zones Centre, Nord et Ouest du pays sous contrôle de la rébellion.
- L’établissement d’un dialogue entre le groupe SODECI/CIE et les responsables des parties belligérantes afin de préserver les infrastructures, d’assurer les livraisons de produits de traitement et pièces de dépannage pour la continuité de service.
- Au Droit Humanitaire International et à l’accès à l’eau potable dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Au-delà des faits relatés dans cet ouvrage, il est aisé d’admettre, comme l’illustre la première de couverture de mon ouvrage, que malgré l’ampleur de la crise, civil comme militaire, tous, nous sommes amenés à consommer de l’eau potable si nous voulons préserver notre santé et poursuivre nos activités.
C’est donc une forte incitation, quel que soit notre position sociale, à préserver de tout temps et par tous les moyens, les infrastructures estimées à plusieurs centaines de milliards de FCFA et surtout les ressources en eau qui sont essentielles pour perpétuer la vie sur notre planète.
YOBOUE Descord Venance
Conseiller du Directeur Général de la SODECI