La résilience de l’hydrosystème ivoirien face aux changements climatiques
I) Introduction
Partout dans le monde et singulièrement en Côte d’Ivoire, le cycle climatique change. Ce n’est
donc pas un secret pour qui se donne le temps d’observer sur une période plus ou moins longue,
les principaux paramètres climatiques tels que la température ou les glissements des périodes
sèches et humides ou encore la pluviométrie dans notre pays.
Par ailleurs dans le même laps de temps, la demande en eau en lien avec le développement de nos
villes et villages ne fait que croitre avec une exigence particulière sur la qualité et la continuité de
service dans la desserte en eau potable pour satisfaire nos besoins.
Face donc aux changement climatique ; comment s’organisent les acteurs du sous-secteur de
l’hydraulique humaine pour assurer une desserte correcte en eau potable aux populations en vue
d’atteindre l’Objectif de Développement Durable N°6 qui incite à « un accès universel et équitable à
l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérable » ?.
La présente publication, loin d’être une panacée vise à faire des constats factuels, à susciter le
débat et à donner quelques pistes de réflexion qui mise en œuvre collectivement contribueront à rendre résiliant l’hydro-système Ivoirien.
II) Les constats
S’il est un constat qui n’échappe à personne en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan c’est
d’une part la fréquence des inondations dans les zones emblématiques comme la palmeraie et
d’autre part la raréfaction ou plutôt la réduction de la pluviométrie.
En effet, de 1951 à 2010, sur le bassin versant d’Abidjan, nous sommes passé d’environ 2400 mm
de pluie par an à 1600 mm, soit une baisse de 33% du pluviomètre qui ne vas pas sans
conséquences sur la satisfaction de la demande qui elle est dans une tendance inverse c’est-à-dire en croissance.
A l’intérieur du pays le phénomène de changement climatique est exacerbé par :
1- Une destruction accélérée dans massifs Frontier, et une « sahelisation » du territoire
faisant passer de 16 millions d’hectares de forêt en 1900 à 3,4 millions d’hectares en 2015
soit une perte moyenne de 400.000 hectares par an.
2- Une dégradation de la quantité des eaux particulièrement pour les eaux de nos cours
d’eau, du fait des activités industrielles dans les secteurs formels ou non, notamment par
les industries extractives comme l’orpaillage clandestin.
Face à ces constats majeurs, comment rendre résilient le système de l’hydraulique humaine
pour satisfaire au mieux la demande en eau potable ?
Les initiatives prises tant au niveau institutionnel que juridique par plusieurs acteurs visent
entre autres à :
- Atteindre un million d’hectares reboisés à l’horizon 2030 car, selon le Ministre ALAIN-
RICHARD DONWAHI en charges des Eaux et Forêts, « Il est impératif de protéger nos forêts et
de restaurer celles-ci pour rééquilibrer le cycle de l’eau » ; - Réduire le gaspillage et la fraude pour atténuer la sollicitation des unités de production
et de traitement des eaux en repoussant l’horizon de certains investissements ; - Accroitre les rendements des réseaux hydrauliques et des unités de production d’eau potable ;
- Réduire les actions anthropiques qui affectent la qualité des eaux prélevées pour la boisson ;
- Digitaliser l’exploitation et la gestion de l’eau en vue de sa maitrise.
A la vérité, ces actions et bien d’autres passent par une Gestion Intégrée des Ressources en Eau
(GIRE), instrument essentiel qui « promeut la gestion et le développement coordonné de l’eau, du
territoire et des ressources associées de manière à optimiser le bien-être économique et social en
résultant, d’une façon équitable sans compromettre la durabilité des écosystèmes vitaux ».
III) Organisation de la résilience hydraulique
Souvent utilisée et mise dans tous les contextes pour se faire entendre, que couve véritablement
ce vocale si ce n’est la capacité réelle d’un système à résister en se réorganisant pour s’adapter à
une brutale perturbation externe. Exemple : Il pleut moins sur Abidjan, comment la côte d’ivoire
s’organise face à ce phénomène, pour alimenter au mieux la ville d’Abidjan en eau potable ? Au-
delà d’Abidjan, la question gade toute sa pertinence que ce soit à Bouaké ou à Zouhan-Hounien.
La construction d’une réponse satisfaisante passe à mon sens, par l’ensemble des acteurs à titre
individuel et qui de façon collective et organisée, mettront en place des plans d’actions cohérentes
sur le long terme.
« L’alarme : La préservation des ressources en eau et l’alimentation durable en eau potable des
villes de Côte d’Ivoire » que j’ai publié aux Editions Kaïlcedra en 2019, aborde de façon explicite
certains aspects de cette question multi-sectorielle, qui engage notre communauté nationale, si
nous voulons continuer d’avoir de l’eau en quantité et en qualité pour les générations futures.
En la matière, toute action que nous devons mener passe nécessairement par une sensibilisation
permanente et une formation aux gestes salvateurs qui privilégient les économies d’eau et la lutte
contre le gaspillage ou la fraude. Car dans notre imaginaire collectif, Abidjan « Perle des Lagunes »
ou notre Pays, la Côte d’Ivoire avec ses quatre grands fleuves, semblent bénéficier d’un réservoir
inépuisable pour étancher notre soif et satisfaire nos besoins industriels en eau de process.
IV) Conclusion
Même si la Côte d’Ivoire semble ne pas être dans une situation de stress hydrique, il ne faut pas
perdre de vue qu’à l’instar de tous les pays de la planète, elle subit inévitablement les
conséquences du changement climatique. Son système hydraulique bien organisé s’adapte de plus
en plus au changement climatique. Cette résilience devra s’organiser avec toutes les parties
prenantes car en tant que « consomme-acteur », nous agissons tous sur les ressources en eau. Notre prise de conscience individuelle ou collective sera notre bouée de sauvetage pour léguer aux générations à venir de l’eau en quantité et en qualité suffisante pour perpétuer la vie sur la
terre que nous avons en partage.